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Rien ne crée plus facilement un bon lien que de parler la même langue. Il est donc logique que le bilinguisme, l'une des caractéristiques les plus importantes de notre région, soit cette année encore un pilier central des activités de notre association. Un exemple en est l'encouragement des jeunes et des adultes à utiliser leurs connaissances en allemand ou en français. Cela se fait par des échanges linguistiques dans le cadre de la formation scolaire ou entre administrations, où le Forum du Bilinguisme joue un rôle essentiel en tant que partenaire de la Région capitale suisse.

Dans le thème clé « Smart Capital Region », la nouvelle année sera déterminante pour le développement potentiel vers l'économie circulaire. Une équipe de travail expérimentée analyse actuellement les besoins existants et la plus-value que la Région capitale peut apporter dans ce domaine. Cette équipe est composée en majorité de représentants des administrations cantonales, mais aussi de quelques acteurs économiques.

Le dernier forum nous a conduits à Fribourg et dans l'univers du cluster Food & Nutrition. Ce dernier et ses activités resteront au centre de l'attention en tant que troisième axe prioritaire de l'année. La diversité thématique du cluster offre de nombreuses opportunités pour des projets et des échanges, avec pour ne citer qu’un exemple l’évènement InnoFood & Co. du 17 juin 2025.

Après un forum vient le suivant. Ainsi, la Région capitale et le Valais, co-organisateurs de l'édition de cette année, se réjouissent déjà de vous retrouver en novembre à Naters.

Andrea de Meuron et Didier Castella, vous assurez la coprésidence de la Région capitale suisse depuis juin 2024. Quels ont été pour vous les points forts de cette période ?

Andrea de Meuron : Pour moi, ce fut en tout cas un moment fort d’apprendre à mieux connaître la Région capitale dans ma nouvelle fonction de coprésidente et comme membre du comité. L'association est fortement marquée par ses membres : ainsi, la Région capitale réunit des représentantes et représentants des pouvoirs exécutif et législatif, les membres de leur personnel administratif et d'autres personnalités issues de cinq cantons, de différentes villes et conférences régionales. Cette diversité de perspectives est extrêmement enrichissante et prépare le terrain pour de magnifiques événements et projets. J'aime également la diversité des thèmes dans lesquels la Région capitale est active : outre l'économie alimentaire, on y retrouve la promotion du bilinguisme ou l'économie circulaire. Ce dernier thème en particulier me tient à cœur dans l'optique d'un développement durable de la Région capitale et d'un positionnement moderne pour l'économie du futur. Pour notre région, il est important d'identifier nos intérêts communs, de les regrouper et de les défendre vis-à-vis de l'extérieur.

Didier Castella : J'ai été très heureux que, selon le tournus, le Forum 2024 ait eu lieu dans « mon » canton. L'alimentation est un secteur économique important du canton de Fribourg, mais aussi de toute la Région capitale. Tous les secteurs concernés collaborent au sein du cluster Food & Nutrition, de l'agriculture à la restauration en passant par la recherche et l'industrie de l'emballage, entre autres. Des idées pour l'alimentation de demain y sont développées dans une approche collaborative. L'alimentation de demain était d'ailleurs le thème du forum de l'année dernière. J'ai trouvé les ateliers thématiques particulièrement intéressants – les participants ont ainsi pu en apprendre davantage sur la valorisation du petit-lait ou des sous-produits de jus de fruits, l'optimisation de la fertilisation azotée, la manière d'intéresser les enfants à la cuisine ou de favoriser la réinsertion professionnelle grâce à la gastronomie. Pour moi, en tant que conseiller d’Etat en charge de l'agriculture, mais aussi en tant que gourmet, c'était une expérience particulière.

Sur quelles activités la Région capitale mettra-t-elle un accent particulier en 2025 ?

Castella : Le bilinguisme est véritablement une caractéristique unique de la Région capitale suisse et reste donc l'un de nos thèmes principaux. Après avoir récompensé Rebecca Solari et l'Académie suisse des musiques actuelles de Pascal Vonlanthen (« Gustav ») en 2024, nous souhaitons remettre en concours cette année le « Prix du bilinguisme » pour les jeunes talents de la scène artistique. Nous poursuivrons également les échanges linguistiques entre classes via le programme « Sprachbad Immersion », en collaboration avec le Forum du bilinguisme de Bienne. Il est également envisageable que nous lancions d'autres projets dans ce domaine. La Région capitale continuera par ailleurs à soutenir le cluster Food & Nutrition pour qu'il intègre davantage d'acteurs hors du canton de Fribourg. La vidéo de promotion qu'elle a cofinancée sera certainement utilisée à cet effet.

de Meuron : Dans le cadre de la « Smart Capital Region », la Région capitale a identifié l'année dernière un nouveau champ d'activité possible dans le domaine de l'économie circulaire. En 2025, les activités d'un groupe de travail nouvellement créé se poursuivront. Dans un premier temps, il examine les besoins concrets ainsi qu'un éventuel engagement de la Région capitale. L'échange de connaissances au sein des administrations joue ici un rôle central. Comme je l'avais déjà dit lors de mon entrée en fonction, je vois dans ce domaine un grand potentiel, voire un possible rôle de pionnière pour notre région : nous pouvons ici apprendre les uns des autres, échanger et unir nos forces pour obtenir un effet durable.

Sur le plan politique, plusieurs dossiers sont également à l'ordre du jour. Par exemple, la consultation sur la révision du « projet de territoire Suisse », en quelque sorte l'« acte de naissance » de la Région capitale, est actuellement en cours. Nous avons pu participer activement au processus et suivrons également de près les travaux ultérieurs. En ce qui concerne nos thèmes prioritaires, nous cherchons et entretenons régulièrement le contact avec l' intergroupe parlementaire Région capitale suisse.

Lors de l'assemblée générale de juin 2025, conformément au tournus, Didier Castella remettra son poste de coprésident. Quel profil doit avoir son successeur ?

de Meuron : J'apprécie beaucoup la collaboration avec Didier et je me réjouis de poursuivre l'engagement pour la Région capitale avec la nouvelle personne à la coprésidence. L'usage veut que les cantons et les communes ou les villes aient chacun un siège à la coprésidence. Cela signifie que Didier devrait être remplacé par un conseiller ou une conseillère d'Etat.

Castella : Andrea et moi nous sommes vraiment très complémentaires. Il est important que le nouveau coprésident ou la nouvelle coprésidente soutienne l'idée d'une collaboration au-delà des cantons et des régions que nous vivons au sein de la coprésidence et du comité. Idéalement, nous aimerions que la partie francophone et germanophone de la Région capitale soit toutes deux représentées au sein de la coprésidence. Et il est réjouissant qu'avec Andrea, il y ait enfin une femme à la coprésidence.

Le cluster Food & Nutrition est l'une des priorités thématiques pour les années 2024 et 2025. Quelle est votre spécialité régionale préférée ?

Castella : Je suis un amoureux de la bonne chaire et de la bonne table. Appréciant la diversité, il m’est difficile de faire un choix, mais un bon plateau de fromages avec un bon verre de vin local reste un plaisir du palais qui permet d’amené une bonne dose de convivialité autour de la table.

de Meuron : En ce moment, je mange régulièrement une fondue, en accord avec la saison. Ce qui marche toujours, c'est un délicieux plat de « Rüebliachs », une alternative végétalienne au saumon préparée à base de carottes.

Vous siégez depuis l’an dernier au comité de la Région capitale suisse en tant que nouveau représentant de la ville de Neuchâtel. Comment envisagez-vous cette nouvelle fonction ?

Je suis ravi de rejoindre une entité qui constitue une « petite Suisse » à elle-même, riche de sa diversité linguistique, culturelle, économique et sociale. Nous avons un intéressant rôle de trait d’union à jouer entre les grands pôles de notre pays, et disposons de nombreux atouts à faire valoir notamment auprès de la Berne fédérale. Je considère aussi que la composante romande et francophone de la Région capitale suisse doit pouvoir participer activement et être étroitement associée aux projets portés par notre association. De plus, j’ai à cœur de porter la voix de Neuchâtel, troisième ville de Suisse romande, dans une organisation qui permet une collaboration fructueuse entre cantons, villes et régions. Cela est d’autant plus précieux et important à une époque où les villes n’ont pas de représentation institutionnelle dans les processus décisionnels fédéraux, alors même qu’elles occupent des responsabilités majeures et croissantes dans la plupart des politiques publiques de notre pays.

A votre avis, quel rôle peut jouer la Région capitale suisse quant aux sept thèmes-clés, à savoir les transports, les infrastructures (Smart Capital Region), le développement économique et territorial, le Cluster Food & Nutrition, le pôle de santé, le bilinguisme et le centre politique ?

Justement, je suis convaincu qu’une organisation telle que Région capitale suisse peut dépasser les limites des frontières politiques et institutionnelles classiques, pour apporter des réponses innovantes et concrètes aux enjeux de société actuels, en faveur de la population de nos différents cantons, villes et régions. C’est aussi un intéressant laboratoire pour de nouveaux projets inédits, qui peuvent ensuite se déployer à plus large échelle. Il faut également toujours avoir en vue la plus-value que les projets et thèmes portés par notre association peuvent apporter à nos collectivités respectives, ainsi que les synergies et nouvelles collaborations qui peuvent en résulter. En résumé, se positionner en impulsion, en soutien et en complémentarité plutôt qu’en concurrence ou en redondance.

Quel est votre endroit préféré dans la Région capitale suisse?

Neuchâtel, bien évidemment, qui a conquis mon cœur depuis ma plus tendre enfance ! Tout chauvinisme et sentimentalisme mis à part, j’apprécie énormément la région du Vully, pour la beauté de ses paysages, sa riche histoire et son vignoble – certains de mes lointains aïeux y étaient d’ailleurs vignerons – mais je suis également très attaché à Berne, pour y avoir suivi une partie de ma formation universitaire.

Avez-vous déjà vécu l'expérience à la fois enrichissante et stimulante d'un échange linguistique ? Il est indéniable qu'une langue étrangère s'apprend mieux lorsqu’on se trouve dans un environnement dans lequel elle est parlée. La promotion du bilinguisme est l'un des thèmes clés de la Région capitale suisse. L'association visite est une organisation avec laquelle elle collabore dans ce domaine. Depuis 26 ans, visite promeut l'échange interculturel et plurilingue de jeunes apprenti-e-s suisses. Fondée par le Rotary Suisse & Liechtenstein, visite permet d'effectuer gratuitement des stages professionnels dans une autre région linguistique.

En 2024, visite a organisé 80 séjours dont 14 entre les régions linguistiques de Suisse. Trois de ces stages ont eu lieu dans la Région capitale suisse : Ainsi, un futur horloger, apprenant habituellement son métier à Granges, a travaillé pendant deux semaines dans une entreprise du Locle. Une future gestionnaire du commerce de détail a fait des expériences passionnantes en découvrant les différences entre le commerce d'outils à Fribourg et celui de son entreprise formatrice à Morat. L'association visite met les participants en contact avec une entreprise adéquate, assure la coordination avec la famille d'accueil et soutient les jeunes avec des subventions fédérales de Movetia.

Afin de promouvoir encore davantage les échanges dans la Région capitale suisse, visite développe des coopérations avec des écoles professionnelles et des entreprises de la région. Car un stage professionnel est plus qu'une simple phase - c'est une expérience clé qui marque des parcours de vie et développe des compétences personnelles.

Depuis 2023, en collaboration avec les organisations partenaires impliquées, l’office fédéral du développement territorial ARE conduit une révision complète du « concept territoire ». La Région capitale suisse est partie prenante de ce processus et a participé à plusieurs ateliers de conception. L’an dernier, notre association a également pris part à la révision de la partie du concept la concernant en priorité, à savoir la partie consacrée aux territoires d’action. A ce titre, notre région est expressément reconnue dans le « concept territoire » comme l’une des grandes régions déterminantes de notre pays. L’idée de territoire d’action permet aux acteurs de la région concernée de formuler des orientations stratégiques en vue de la planification territoriale à l’horizon 2050.

Le « concept territoire » de la Suisse sert de cadre d'orientation pour tous les niveaux de l'État et décrit comment le pays devrait être aménagé à l'avenir. Compte tenu de l'espace limité en Suisse, une gestion prudente des sols et des ressources naturelles est essentielle. En plus de promouvoir une économie forte et des réseaux de transport fonctionnels, il est aussi nécessaire de prendre en compte les sources d'énergie renouvelables et les paysages naturels pour les loisirs et la production alimentaire. Le concept formule des objectifs et des stratégies pour garantir un avenir durable. D'ici 2050, des espaces attractifs et adaptés au climat doivent voir le jour, caractérisés par une forte cohésion régionale et sociale.

Source visualisation : Hahn+Zimmermann, Bern ©ARE