Communiqués de presse


L’avenir du site SSR de Berne – Renforcer l’information dans la Région capitale suisse

La SSR envisage de transférer le siège de la radio alémanique SRF de Berne à Zurich. La nouvelle, annoncée en avril, suscite l’incompréhension dans toute la Région capitale suisse. Générant peu d’économies, ce déménagement aurait des répercussions sur la couverture médiatique nationale et régionale. Il affaiblirait la position de la SSR en tant qu’entreprise nationale financée en grande partie par la redevance. Une concentration à Zurich est contraire à l’idée d’une Suisse fédéraliste, au principe de service public et à la volonté populaire. Unis, la Région capitale suisse, la ville et le canton de Berne demandent au conseil d’administration de la SSR de renforcer le secteur de l’information germanophone dans la capitale politique du pays, tout comme la culture est centralisée à Bâle et la télévision à Zurich.

L’information fournie par la SSR est cruciale pour la participation politique, pour la cohésion nationale et pour la diversité culturelle de la Suisse. « Au sein de la Région capitale suisse, la diversité linguistique et culturelle accentue la sensibilité envers l’importance du plurilinguisme et du fédéralisme », a relevé Bernhard Pulver, président du Conseil-exécutif du canton de Berne, lundi (28 mai 2018) lors d’une conférence de presse. L’idée de la direction de la SSR de se contenter d’une couverture de notre région par des correspondants et de transférer à Zurich le département de l’information, mais aussi le développement technologique et la recherche, affaiblirait Berne dans son rôle de centre politique du pays.

Soutien à la SSR à travers le refus de l’initiative « No Billag »

Tant l’ancrage profond de la SSR dans les régions que la qualité des programmes radio ont contribué au refus de l’initiative « No Billag ». Les émissions de la radio alémanique SRF1 ou de la chaîne d’information « SRF News », produites à Berne, sont des piliers de l’information politique en Suisse. La population des cinq cantons de la Région capitale suisse a refusé « No Billag » à des taux compris entre 69% et 78%, a rappelé le conseiller aux États fribourgeois Beat Vonlanthen, coprésident du groupe parlementaire Région capitale suisse. « La SSR a jusqu’ici privilégié une couverture rédactionnelle de l’ensemble des régions de Suisse, loin de toute centralisation. Les votants ne s’y sont pas trompés. »

Création d’un centre de compétences Information à Berne

Le conseiller d’État bernois Christoph Ammann est convaincu qu’à l’heure où les concentrations se multiplient dans les entreprises de médias privées, la SSR a une carte à jouer en restant bien implantée dans les régions et en stimulant la concurrence rédactionnelle à l’interne. Selon lui, un déménagement de la radio ne générerait que peu d’économies. Berne reste la capitale de la Suisse, le centre politique du pays. La SSR ne peut l’ignorer, elle doit continuer à en tenir compte dans son organisation future. « Nous invitons la SSR à créer à Berne, au cœur politique de la Suisse, un centre de compétences dédié à l’information, doté d’activités de recherche-développement et comprenant l’information nationale, internationale et économique ainsi que la chaîne d’informations en continu « SRF News », a ajouté Christoph Ammann.

Diversité linguistique et culturelle

La Région capitale suisse constitue un pont entre les régions linguistiques, et toute la Suisse en tire parti. Pour Thierry Steiert, syndic de la ville de Fribourg et coprésident de Région capitale suisse, les choses sont claires : « Le mandat politique impose à la SSR d’assurer la diversité linguistique et culturelle. Pour y parvenir, elle a besoin d’une organisation et d’un réseau solides, pas d’une concentration à Zurich. » Cette assise est importante au vu de l’évolution du secteur des médias.

Une impasse politico-médiatique

La SSR est tenue d’économiser. Selon elle, cela n’est possible que moyennant un regroupement des rédactions de la radio et de la télévision alémaniques à Zurich. Pour le maire de Berne, Alec von Graffenried, cet argument ne tient pas et aurait de graves conséquences journalistiques. Une concentration dans le studio de Leutschenbach entraînerait un nivellement et un appauvrissement du journalisme. Au lieu d’encourager la diversité des opinions, la SSR risque de diffuser les mêmes contenus sur tous les vecteurs. « Ce serait une impasse pour la politique des médias, sachant que les entreprises de presse privées sont de moins en moins capables de financer un journalisme de qualité. »

Le lieu de travail, centre de l’existence

Une concentration de l’information à Zurich serait problématique aux yeux du conseiller d’État valaisan Christophe Darbellay, qui représente un canton périphérique où vit une importante minorité d’Alémaniques. Il redoute qu’elle n’incite une grande partie des journalistes radio, TV ou online à faire de l’agglomération zurichoise le centre de leur existence et de leurs intérêts, négligeant du même coup les régions éloignées du pays. « Berne est pour les Valaisans la porte d’entrée vers le reste du pays. Peu distante, elle est étroitement liée à nous à travers la Région capitale suisse. La SSR ne peut pas se contenter d’une couverture médiatique depuis Genève ou Zurich. Berne, comme centre politique, a des répercussions sur l’ensemble de la Suisse. C’est de la ville fédérale que les médias doivent rendre compte des sujets économiques, nationaux ou internationaux, de la politique et de l’actualité à l’étranger. »

Pour un département d’information digne de ce nom dans la capitale

Pour la ville et le canton de Berne et pour la Région capitale suisse, il va sans dire que le département d’information de l’entreprise nationale financée en grande partie par la redevance doit se trouver dans la Région capitale suisse, le centre politique d’une Suisse organisée en réseau. C’est le choix qu’ont fait la plupart des pays européens. La Région capitale suisse réunit tous les acteurs du système politique helvétique, au-delà de la politique officielle. Dans notre région, les départements fédéraux côtoient les organisations nationales, les ambassades et les entreprises proches de l’État.